Du 11 décembre 2023 au 4 janvier, Clowns Sans Frontières-France intervient pour la première fois à Phnom Penh au Cambodge. En partenariat avec l’association Sipar et des artistes de Phare Ponleu Selpak, ce projet vise à soulager le quotidien de femmes en situation de privation de liberté.
A qui s’adresse cette nouvelle intervention ?
Depuis 2015, le nombre de détenus a plus que doublé dans les prisons cambodgiennes. Selon la Commission des droits de l’homme des Nations unies, 38 977 personnes sont actuellement incarcérées dans les établissements pénitentiaires du pays pour seulement 8 804 places. Selon Amnesty international, 60% des détenus sont des adolescents ou jeunes adultes (entre 14 et 25 ans) et 8% sont des femmes. Parmi elles, plus de la moitié sont en détention provisoire. Cette hausse de détention s’explique en grande partie par la politique de « guerre contre la drogue » mise en place par le gouvernement depuis 2017.
Clowns Sans Frontières intervient au Centre Correctionnel 2 (CC2), une prison réservée aux femmes à Phnom Penh. Notre projet s’adresse des femmes condamnées à de lourdes peines (entre 4 et 30 ans de prison). Certaines sont incarcérées avec leurs enfants de moins de 3 ans qui souffrent de traumatismes dus à la promiscuité, la violence et le manque d’activité.
Accueillant environ 1 200 détenues pour une capacité estimée à 300 personnes, c’est l’une des prisons les plus surpeuplées du Cambodge. Les conditions de vie y sont très éprouvantes (manque d’espace, d’hygiène, d’intimité, de nourriture, d’eau…) et parfois très risquées pour les femmes. Vivre dans ces prisons est une violence au quotidien qui entraine perdent de dignité et d’estime de soi. Beaucoup d’entre elles sont éloignées de leurs familles pour être incarcérées à la capitale. Le traumatisme de l’éloignement ne fera que renforcer la dureté de leur emprisonnement.
« La situation dans les prisons est périlleuse au point que les conditions peuvent être considérées comme des traitements inhumains ou cruels, vu le niveau de souffrance psychologique et physique enduré par les détenus » – Rapport de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies (2022)
Lorsque la remise en liberté approche, leur avenir est très souvent dépourvu de toutes perspectives. La plupart des personnes incarcérées est issue de milieux pauvres et marginalisés. La majorité d’entre elles n’a aucune qualification professionnelle et 30 à 40 % d’entre elles n’ont pas de connaissance de base en lecture, écriture ou calcul.[1] Nombreuses sont les détenues qui ont perdu espoir de se reconstruire un futur après la prison.
Notre projet
Durant 12 jours, les artistes vont mener des ateliers de pratique artistique auprès de 20 détenues de la prison CC2. Différentes pratiques seront abordées, notamment le théâtre d’objets, de la création à la manipulation d’objet, la musique et les acrobaties. Au fil des jours, les femmes et les artistes créeront un spectacle permettant de valoriser le travail accompli ensemble.
Quatre représentations sont prévues à la fin du projet, permettant d’offrir une parenthèse d’émerveillement, d’imaginaire et de rires à près de 400 femmes dans la prison CC2.
Clowns Sans Frontières contribue ainsi à l’instauration d’un environnement favorable au pouvoir d’agir puis à la réinsertion sociale et professionnelle des femmes en situation de privation de liberté. L’accès au spectacle vivant et aux pratiques artistiques favorise l’instauration d’un cadre de vie digne. Il permet également d’apporter un soutien psycho-social et de contribuer au bien-être des femmes et de leurs enfants en situation de grande vulnérabilité.
Nos partenaires opérationnels
Sipar
ONG française créée en 1982 pour l’accueil des réfugiés en France, Sipar intervient au Cambodge depuis 1991. L’association est engagée auprès des populations les plus défavorisées. Centrée sur le développement de la lecture, de l’éducation par l’accès aux livres et la lutte contre l’illettrisme, l’association opère dans les 25 régions du pays avec un objectif : faire du livre un levier d’éducation, le porter et le rendre accessible aux populations les plus démunies.
Phare Ponleu Selpak
L’association cambodgienne Phare Ponleu Selpak a pour mission d’améliorer la vie d’enfants, de jeunes adultes et de leur famille, par le biais d’écoles d’art, de programmes éducatifs, et d’aide sociale depuis 1994. Chaque année, plus de 1000 étudiants bénéficient de leurs écoles et programmes : des cours en arts de la scène, en arts visuels et appliqués sous forme d’ateliers ou de formation professionnelle, qui aident les enfants et les jeunes adultes à développer leur créativité, leurs capacités en communication et en concentration, et à accéder à une carrière artistique durable tout en préservant et promouvant les arts et la culture du Cambodge.
Un projet financé par l’Institut Français, la Ville de Paris, l’association Sipar et Clowns Sans Frontières-France.
[1] https://sipar.org/association-cambodge-sipar/nos-programmes/education-non-formelle/education-en-prison/